"Crise(s) dans le monde ibérique et ibéro-américain"

Présentation

Toute crise remet en question un ordre préalable, fondé ou fondateur, qui paraissait jusque là immuable.

Le sujet engage dès lors à s’interroger sur la façon dont un certain ordre (politique, social, culturel, artistique) est mis en péril, ou du moins en mouvement (Pourquoi ? Comment ? Dans quel(s) but(s) ? ) à plusieurs moments clés de l’histoire (au sens large) du monde hispanique.

Le double questionnement formulé par Edgar Morin : « Comment éclairer le concept de crise ? Comment le rendre éclairant ? » pourrait constituer le fil conducteur de la thématique du congrès.

 Le sujet n’est circonscrit ni à un genre, ni à un continent ni à une époque précise et intéresse aussi bien les linguistes que les historiens et les littéraires. Chaque intervenant a été ainsi invité, dans son champ de recherche déterminé, à envisager les causes et les modalités d’expression de la crise, les ruptures et les changements, plus ou moins violents, plus ou moins profonds, du nouvel ordre qu’elle engendre.

Depuis que le terme a été extrait du vocabulaire médical auquel il appartenait initialement, « la crise » s’est érigée en concept apte à s’appliquer à tous les champs de la connaissance.

Les collègues ont été  invités à considérer la façon dont il se décline dans le monde hispanique en philosophie (où l’on parle de crise de la pensée, de la raison, du sens, de la modernité, de la postmodernité, etc.) ; en économie où il est question de crise(s) économique(s) de façon récurrente à plusieurs époques charnières jusqu’à l’époque actuelle où les expressions « crise de la dette », « crise de croissance », « crise du capitalisme, en particulier du capitalisme financier » sont omniprésentes ; dans le domaine social où différentes images des sociétés en crise apparaissent au cours de l’histoire avec leur cortège de conflits d’intérêts ou de classes, d’inégalités, d’injustices sociales, de marginalité, de racisme, de xénophobie, etc. On parle ainsi de la crise de l’urbain, de la crise des banlieues mais aussi de la crise des institutions, de la crise du genre (masculin/ féminin), de crises existentielles, de crise(s) d’identité(s) individuelles ou collectives.

Dans le domaine de la linguistique, les spécialistes ont été amenés, par un regard forcément diachronique, à identifier des processus de crise, soit d’un point de vue formel (catégories fonctionnelles qui se perdent ou moments de « réajustements » phonétiques, morphologiques ou syntaxiques), soit dans une perspective historiographique (crises des modèles théoriques et méthodologiques).

La crise des arts, des genres et des formes d’expression constitue sans doute quelques uns des chapitres les plus intéressants de l’histoire de l’art et des pratiques artistiques du Moyen Âge jusqu’à nos jours.

La crise des sciences, et en particulier de la physique à l’aube du XXème siècle a révolutionné les modélisations du réel (physique quantique, théorie du chaos, théorie des cordes, univers parallèles, etc.) Et il semble que l’on assiste, avec la fin de la raison triomphante issue des Lumières, à la remise en question du processus d’autonomisation du discours de la science aux XXème et XXIème siècles et à une interpénétration sans cesse croissante des différents domaines du savoir.

C’est la perspective d’une interaction entre les différents champs de la connaissance dans l’appréhension du concept de crise qui a été privilégiée lors de ce congrès 2013 de la SHF.

  • Responsables scientifiques et comité organisateur
    Responsables scientifiques
    Carole Egger, Isabelle Reck (Université de Strasbourg)
    Comité organisateur
    Équipe EA4376-CHER