Pour la quatrième séance du séminaire "Mémoire(s) au miroir" , consacré à la mémoire et à ses représentations, le CHER accueille :
Bluma FINKELSTEIN, professeur émérite de l’Université de Haïfa, qui donnera une conférence à partir de son roman Devoir de vérité (TranSignum, 2020),
avec la participation de l’artiste plasticienne Wanda MIHULEAC qui a conçu et édité l’ouvrage sous forme de livre-objet.
Cette conférence aura lieu le jeudi 13 avril, de 17h30 à 19h00, dans la salle Ourisson (Institut Le Bel).
Possibilité de suivre la conférence à distance :
https://bbb.unistra.fr/b/ana-djd-w2q
La conférence est organisée avec l’aimable soutien de notre collègue Michèle TAUBER et de l’équipe GEO.
Bluma FINKELSTEIN est une poétesse et essayiste roumano-israélienne d’expression française. Elle est professeure émérite de littérature française et comparée à l’Université de Haïfa où elle vit. Voix forte, engagée pour le rapprochement istraélo-palestinien et le dialogue judéo-chrétien, son œuvre a été récompensée par plusieurs prix prestigieux dont le Prix Benjamin Fondane en 2021. Bluma Finkelstein est l’auteure d’une trentaine de recueils de poèmes dont Les Lauriers d’emprunt (Tarabuste, 2008), Mare Nostrum (En Forêt, 2008), Et nous serons (Transignum, 2007), Questions à Dieu, avec réponse (Livre Pauvre, édité par Daniel Leuwers, 2007), Exorcismes 2006 (Livre Pauvre, édité par Daniel Leuwers, 2006), Toutes les étoiles sauront (En Forêt, 2006), Les Éclopés de la Fraternité (éd. Encres Vives, 2003) et d’essais littéraires : L’Héritage de Babel, éloge de la diversité (L’Harmattan, 2005), D’Isaac à Jésus : le malentendu, essais sur le sacrifice (éditions Aléas, 2000), L’écrivain Juif et les Evangiles (éditions Beauchesne, 1991).
Wanda MIHULEAC est artiste plasticienne et éditrice de livres d’artistes. D’origine roumaine, elle vit et travaille à Paris où elle a fondé en 2001 les éditions TranSignum . Proche de Jacques Derrida, premier auteur qu’elle a édité et illustré (livre Erradid), Wanda Mihuleac mène une démarche de création en dialogue constant avec la poésie. Elle a réalisé des livres d’artistes en collaboration avec Fernando Arrabal, Michel Deguy, Michel Butor, Alain Jouffroy, Zéno Bianu, Salah Stétié, Claude Esteban, Linda Maria Baros, Hélène Cixous … Son œuvre protéiforme (peintures, gravures, film, photographie, livres-objets, installations, performances, « actions furtives » etc.) a été récompensée d’une douzaine de prix et distinctions internationales.
Présentation du roman
1996. Par une nuit de pluies diluviennes, Nick Graetz, nouveau docteur en linguistique de l'Université de New York, rentre chez lui à Berlin, après trois ans d'absence. Le taxi qui le conduit de l'aéroport s'arrête sous le réverbère devant l'immeuble. Quand Nick en descend, ses valises à la main, la pluie a redoublé de force et forme un rideau opaque. Il bute contre des pavés en relief, au bord du trottoir, sortes de pierres taillées, qui brillent comme des lingots d'or sous la lumière pâle. Le lendemain, Nick déchiffrera sur ces « lingots d'or » les noms des membres de deux familles juives : « Ici habitait – un prénom, un nom, l'année de naissance, l'année et le lieu de déportation, la date de la mort ». Plus tard, on lui expliquera que ce sont des « pavés de la mémoire », des Stolpersteine qu'on venait de poser un peu partout dans la ville. Malgré sa ferme décision de ne rien vouloir savoir de l'histoire de l'Allemagne nazie, voici que l'Histoire elle-même s'impose à lui, brutalement, dans l'inconcevable nudité de l'horreur. Même pour une seule conscience qu'il éveille à la vérité, Nick comprendra qu'il se doit de fouiller dans le passé de sa famille et de ses voisins.