Responsables scientifiques
> Valérie Carré (EA 1341 Etudes germaniques / EA 3402 Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistiques): vcarre@unistra.fr
> Emmanuel Béhague (EA 1341 Etudes germaniques: behague.emmanuel@neuf.fr
Dans le cadre du programme IDEX-Plateau-XXI-OO
et du programme 2013-2016 MISHA > "Hybris et catastrophe : les arts de la scène face à la crise"
Avec le soutien de l'EA 1341
Communications de :
Nathalie Bittinger (Unistra) ; Karen Jurs Munby (Lancaster University) ; Sylvain Diaz (Unistra) ; Andreas Häcker (unistra) ; Isabelle Reck (unistra); Bernard Genton (Unistra); Aline Vennemann(unistra) ; Hanna Klessinger (Albert Ludwigs-‐Universität Freiburg) ; Jérémy Hamers et Grégory Cormann (Université de Liège) ; Pietsie Feenstra (Université Paris III) ; Urs Urban, DAAD Buenos Aires ; Armelle Talbot (Université Paris III) ; Bérénice Hamidi (Université Lumière Lyon 2) ; Cristina Oñoro et Johanna Sanchez (Unistra) ; Hélène Camarade.
Lieux du colloque:
Amphi2, EOST (9 avril)
Amphi du Collège Doctoral Européen (10 avril et 11 avril)
Descriptif
Depuis l’effondrement du système bancaire causé par la crise des subprimes en juillet 2007, la « crise » est omniprésente. Derrière le terme se dissimule une série de phénomènes et de processus, symptômes et conséquences, tentatives d’explication et formes de résistances : hybris boursière, conséquences sociales dramatiques, création ou réactivation d’antagonismes nationaux, mise en place de politiques économiques largement controversées donnant le sentiment d’une tentative de sauver le système « en crise » au lieu d’en interroger les soubassements.
S’ensuivent (au moins) deux conséquences, dont la première est un sentiment d’impuissance du sujet face au phénomène. La crise semble d’autant plus incommensurable qu’elle est omniprésente et remet en cause la fonction et les moyens d’action du politique. Dans le même temps, et dans un mouvement contradictoire, les bouleversements qu’a connu le système économique mondial a entraîné ou encouragé d’une part des mouvements d’opposition nouveaux et transnationaux (Occupy par ex.), d’autre part des replis nationalistes sous la forme de partis exploitant les conséquences de la crise (Parti de l’Aube dorée en Grèce, Front National en France par ex.).
Enfin, si la crise économique, dans ses conséquences sociales, possède une réalité propre et souvent dramatique, elle est également une construction discursive. Parler de la crise, c’est lui donner une forme, un sens : en faire une fatalité afin de présenter les « solutions » apportées comme la seule voie de salut, la relativiser pour tenter de parvenir à un apaisement social et éviter une remise en cause du système, l’amplifier au contraire dans un geste d’instrumentalisation pour réveiller des antagonismes et des oppositions d’ordre partisan, ou, souvent, national.
Plutôt que d’analyser les modalités de la représentation de la crise elle-même, le colloque « La tyrannie sans visage » se donne pour objet le regard artistique jeté, dans des espaces culturels divers, sur les phénomènes économiques, sociaux et politiques engendrés par la crise, ou au contraire sur leur refoulement. Ce regard peut recouvrir diverses formes et répondre à divers enjeux critiques.
L’œuvre d’art peut ainsi constituer le lieu d’une mise au jour des conséquences sociales de la crise. Il s’agit alors de restituer dans sa concrétude la réalité que tend à occulter la production endémique des discours. Partant du principe que les conséquences sociales, au contraire de ce que tente de faire passer un certain discours politique et médiatique, ne constituent pas une fatalité ni un mal nécessaire, mais s’expliquent par des processus et des mécanismes économiques et financiers bien réels, l’art peut s’appliquer à révéler ceux-ci, dans le sens d’un dessillement du récepteur. Une telle intention n’implique néanmoins pas nécessairement sa réalisation effective : l’œuvre, dans ses formes, peut aussi bien confirmer les phénomènes qu’elle entend pourtant critiquer.
Enfin, envisager la façon dont l’art aborde la crise c’est tout autant – et peut-être surtout ? – s’interroger sur la façon dont il réagit au « discours de crise », c’est-à-dire à la construction de celle-ci dans les médias et dans la sphère politique.
Afin d’éclairer ces démarches, les contributions pourront porter sur les aspects suivants :
- La crise comme phénomène transnational : Phénomène ubiquitaire, la crise pose la question de l’articulation entre le national et ce qui le dépasse. Du fait du caractère transversal du phénomène, existe-t-il des paradigmes esthétiques communs dans son approche critique d’un espace culturel à un autre ? Ou au contraire : dans quelle mesure la production théâtrale ou cinématographique, qui, parce qu’elle est œuvre, aspire à l’universalité, demeure-t-elle néanmoins marquée par le cadre national de son émergence ?
- L’œuvre et son objet : Quelle est la nature de l’articulation entre l’œuvre d’art et l’objet « crise » qu’elle se donne : Analyse ? Mise en forme filmique, théâtrale ou performative d’une alternative ? Quelle est la pertinence des options formelles au regard de l’intention critique ?
- Crise et renouvellement des formes artistiques : L’expérience de la crise collective donne-t-elle (nécessairement) lieu à l’émergence de formes et de discours esthétiques originaux ? La recherche d’une réponse artistique ne peut-elle pas également conduire à un repli sur des stratégies esthétiques déjà éprouvées ?
- Les mouvements oppositionnels comme espace de création : Dans quelle mesure les mouvements oppositionnels nationaux et internationaux développent-ils dans l’espace public une performativité propre qui les rapproche peut-être des performances artistiques ?
- Crise et œuvre d’art, approche diachronique : Le discours de crise n’est pas nouveau, même si les médias tendent à nous présenter la crise comme étant toujours « sans précédent ». Il est dès lors intéressant de mettre en perspective la production artistique contemporaine en envisageant d’autres « moments » historiques durant lesquels l’art est amené à réagir à des bouleversements sociaux violents.
Langue des communications : français – anglais.